Et d’abord, pourquoi cette question, plus exactement cette formulation préférée à « Quel est notre avenir ? »

Peut-être par référence à Bertrand de Jouvenel ou à Jacques Lesourne, c’est-à- dire au concept de « futuribles », à savoir « futurs possibles », en fonction de contraintes objectives : géographiques, démographiques, économiques, mais aussi de tendances historiques et de choix politiques. Pour mentionner les « pères fondateurs » de ce courant de pensée, nous nous inscrivons dans la voie du « possibilisme » de Paul Vidal de la Blache et de Lucien Febvre, initiateur, avec Marcel Bloch, de l’Ecole des Annales.

Dans cette perspective, allons directement à l’essentiel : notre futur sera d’abord national, quoi qu’on en ait ; la concurrence économique elle-même trace les limites des marchés, les crises de toute nature restaurent les frontières, le multilatéralisme est mis en question, le « Brexit » démontre que l’Europe demeure, essentiellement, celle des nations.

Pour autant, la France subsiste au cœur de l’Europe occidentale, géographiquement tournée vers les mers et l’océan qui l’entourent, mais aspirée par le continent euro-asiatique dont elle figure le Finistère. Trois quarts de siècle après la fin de la guerre civile européenne (1914-1945), l’Histoire, en partie forgée par la politique, a plutôt conforté la géographie : le crédit est essentiellement européen, la France y contribue par sa richesse patrimoniale, son dynamisme démographique, ses capacités militaires ; mais elle en tire un tel profit qu’elle ne saurait s’en détourner.