Mais de cette pensée pragmatique qui pourrait se risquer à conceptualiser l’avenir d’une manière globale, formelle et définitive ?
Dans un monde d’immédiateté le passé est instantané, et le futur
“anté-absorbé » dans le temps devenu courtermiste de la conjecture.
Corseté dans une armure pandémique, le monde aujourd’hui entravé de tout mouvement et visibilité, essaie pourtant de se plonger dans un futur fantasmé, libérateur de chaines invisibles, émancipateur de contraintes inutiles, le tout plongé dans un humanisme réinventé.
Cette vision collective marque la fin de nos Sociétés créatrices, de notre appétence aux exploits scientifiques, de notre désir de nous surpasser technologiquement, c’est tout simplement un renoncement au dépassement.
Qui, de ses yeux d’enfants, dans un autre monde, n’a pas rêvé de voir l’homme marcher sur la Lune, de voir nos voitures voler, ou même d’imaginer l’homme acquérir l’immortalité ?
Quel avenir peut-on imaginer quand on a renoncé aux rêves les plus fous pour se consacrer au retour à l’essentiel ?
C’est en cette question qu’il faut voir l’avenir, pour qu’il ne soit pas qu’un prolongement d’un présent en déclinisme servant à panser les erreurs et les affres du moment.
Si l’avenir se dessine sur les manques du présent, mais aussi sur ses manquements, il est d’ores et déjà préempté par son immobilisme réparateur, reste alors à savoir ce que nous incluons aujourd’hui dans la notion d’avenir ?
Depuis quelques années le futur se théorise dans un caractère gazeux s’évaporant dans des concepts dont la prégnance repose sur du subjectif, telle la transition écologique ou d’autres “objectifs-mirages“, voulant préserver un “essentiel“ qui est pourtant vécu comme immatériel dans l’inconscient collectif.
Le futur se révèle ainsi éthéré, tantôt dans des espérances environnementales, sociales, sociétales, ou dogmatiques, là où en réalité nous avons besoin de nous extirper de l’idéal pour embrasser le réel, donner la possibilité charnelle de prendre son destin en main.
De surcroit, l’ambition du futur ne peut être réduite à l’unicité, car notre monde est multiple, mais surtout clivé, pendant que les uns pensent aux “ jours d’après, annonciateurs d’une Société nouvelle entièrement repensée et dématérialisée“, d’autres pensent à un retour vers le futur, bloqués dans un nostalgique “ c’était mieux avant“.
Se pose alors également la question de ce que “ l’on met“ dans le futur, mais aussi de “ceux que l’on met“ dans l’équation, cette improbable question s’impose au sortir incertain d’une crise qui a tragiquement estimé ce qui était essentiel ou non; et donc ceux qui étaient essentiels ou non.
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