Avec son roman prémonitoire Lucie Faure nous proposait déjà de réfléchir sur une étrange évolution sociétale : Les Bons Enfants, ces jeunes adolescents de la bourgeoisie parisienne séduits pas Katmandou, sa vie nonchalante dans la communauté hippie du Népal.
N’était-ce pas préfigurer le séisme historique que nous vivons au siècle suivant, où un simple virus de quelques dizaines de nanomètres nous oblige à changer totalement de vie, et fuir vers les campagnes ?
Les « bons enfants » avaient besoin d’exploser le cadre bourgeois dans lequel ils avaient grandi. Mais notre société n’a plus eu que ce mot à la bouche : « mettre un cadre », et compresse de plus en plus ses citoyens dans des limites contraintes. Comme les poulets de batterie, les travailleurs se compriment dans les wagons du métro ; les bébés font liste d’attente pour entrer à 3 mois en collectivité ; les écoliers déjeunent dans le vacarme assourdissant des cantines ; les employés se partagent des bureaux qui n’ont de « paysagés » que leur nom ; les nuits s’étagent dans des « cages à poules » que même Le Corbusier échoua à les humaniser; les vacanciers montent plus de 5000 l’échelle des paquebots sur mer ; les avions se veulent de plus en plus Jumbo…
Dans ces cohortes entassées de milliards d’individus, un virus muté dans des élevages aussi compressés de bêtes à plumes, poils ou écailles, a trouvé son terrain idéal pour se répandre comme une trainée de poudre sur les humains vivants, eux aussi, comme les poulets « en batterie ».
Pierre de Boisdeffre, qui interrogeait Lucie Faure avec quelque condescendance pour sa bienveillance envers les escapades bucoliques de ces enfants de bourgeois, serait sidéré de voir aujourd’hui l’exode vers la nature au détriment des bureaux vides, les facultés fermées et les navires à quai. Un coup d’arrêt a été mis à ce passé qui nous déshumanisait à la vitesse d’un TGV !
Nous voilà obligés à repenser notre avenir.
C’est alors que notre futur s’éclaire.
La voix est montrée d’abord par les enfants : ils ont retrouvé leurs parents ! Et la pédiatre que je suis n’a pas été étonnée de voir les immenses progrès de langage des petits, dont chaque question trouvait enfin un adulte intéressé à lui répondre !
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